C'est quelques siècles après Jésus Christ qu'apparut dans notre région le Christianisme. Nos populations étaient païennes. Outre les divinités locales, elles vénéraient les grandes forces de la nature : le feu, le vent, la foudre. La grande forêt Vosgienne, la "Sylva Vosegus" comme l'appelait les Romains, sa profondeur mystérieuse, inviolée de l'homme, hantée de grands animaux sauvages aujourd'hui disparus tels que le glouton, l'auroch, ou encore le loup.

Ceux-ci imposaient à nos ancêtres un mélange de frayeur et de respect se traduisant par un culte. Les légions romaines elles-mêmes ne s'y aventuraient point.

Le village de HADOL était autrefois divisé en trois localités distinctes : HADOL-LA-HAUTE, HADOL-LA-BASSE, séparé du précèdent par un ruisseau, et HADOL-LA-TOUR, où était l'église. Le nom de HADOL vient, à ce qu'on croit, de ce qu'il y a peu d'eau dans ce lieu. Autrefois, les cures d'Arches et de HADOL n'en formaient qu'une seule : la cure d'Arches fut séparée en 1580, réunie en 1653, désunie en 1680 et érigé en succursale en 1695.

S'il faut en croire la tradition, le Hameau de la Houssière aurait été autrefois beaucoup plus considérable qu'il ne l'est aujourd'hui, et on aurait trouvé, sur son emplacement, des murs soutenant des terrasses. On ne dit pas à quelle époque ce village aurait été détruit. Bugnon indique comme ayant existé sur le ban de HADOL-LA-TOUR, deux ermitages nommés Buzegney et La Houssière, qui étaient ruinés en 1710.


La religion

La nouvelle religion fut prêchée dans nos campagnes par des disciples de Saint Romaric, venus du couvent du Mont Habend, au dessus de Remiremont.

Romaric avait reçu en héritage de son père, Romulphe duc d'Austrasie, le château situé sur le Mont Habend qui avait servi de résidence de chasse. Romaric s'y installa et ne tarda pas à se faire remarquer par l'austérité de ses mœurs. Il se dépouilla de ses immenses richesses et fonda avec l'aide de Saint Amé, qui abandonna la monastère de Luxeuil pour se fixer au Mont Habend, deux monastères sur ladite montagne : l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes. Ce dernier devint célèbre par la suite. Une multitude d'ouvriers venus de Luxeuil et de Metz furent employés à leur construction. Saint Romaric mourut le 8 Décembre 653.

Nos populations ne tardèrent pas à embrasser la nouvelle religion. Les mœurs s'adoucirent, mais il fallut franchir plusieurs générations avant que disparaissent les anciennes coutumes païennes.


L'origine du nom de la commune

A la suite de l'effondrement de la puissance romaine, les invasions recommencèrent. Ce furent entre autres, celle des Huns, puis celle des Francs. Elles n'eurent pas beaucoup de retentissement dans notre commune, car les premiers passaient leur vie sur leurs chevaux, puisqu'ils y mangeaient, dormaient, évitaient les régions montagneuses et boisées. Les seconds, s'établirent dans la plaine.

C'est sans doute de cette époque que date l'origine du nom de HADOL.


L'éperon qui prend naissance à la Croix Georges actuelle et s'avance en promontoire vers l'Est était à cette époque, nu et aride. C'est une butte de sable. Sa forme en dos d'âne le fit inévitablement appeler le "hhâ dos". Dans notre patois local, le mot "hâ" signifie : sec, aride, maigre. Lorsque plus tard, l'église, le presbytère et les maisons entourant la place supérieure se bâtirent, le "hâ dos" devint le centre paroissial des sept communautés environnantes et le nom de ce simple lieu s'étendit à toute la paroisse. En effet, en patois, nous prononçons encore "Hâdo" pour HADOL.

C'est également parce qu'il y avait peu d'eau dans notre commune que l'on appelait anciennement "Hors d'eau" puis "Haïdo", "Hado" et "Hadol".

Par la suite la situation exceptionnelle de cet éperon d'où l'on découvre plusieurs vallées ne devait pas tarder à être utilisée. Au moyen âge quelques bicoques s'y dressèrent et aux environs immédiats de l'an 1000 une tour de guet, destinée à signaler les invasions fut érigés au bout du promontoire. On retrouve la preuve irréfutable de l'existence de cette tour dans l'appellation de HADOL-LA-TOUR qui subsiste encore de nos jours.

 

Le XVII, XVIII et XIX siècles

Au XVII siècle, HADOL a connu une terrible épidémie de peste qui, après la guerre de 30 ans et l'invasion des Suédois en 1630, fit des ravages parmi les populations. Il faut mentionner l'existence d'un personnage très important pour notre commune : le curé du village Saint Pierre Fourier qui, par son abnégation, l'organisation des secours aux pestiférés, sa présence de nuit comme de jour auprès des malades pour leur apporter les secours matériels et spirituels, firent de lui un second Saint Vincent de Paul.

Le souvenir de ces années terribles s'est perpétué jusqu'en 1870.


Puis vint la révolution de 1789. Elle fut surtout sensible dans les agglomérations importantes. A HADOL, il ne se trouva que cinq ou six citoyens qui "révolutionnaient". Leur patriotisme, louable au début, se traduisit, par la suite en anticléricalisme. On jetait des pierres aux fidèles qui se rendaient aux offices.


Les curés de HADOL furent dans l'obligation, à plusieurs reprises, de célébrer clandestinement la messe dans les granges de fidèles accueillants.


En 1814, après Leipzig, nos populations eurent à subir l'invasion des Bavarois et des Russes. Elle dura heureusement peu de temps.

Après Waterloo, ce fut encore l'occupation des Bavarois et celle des Autrichiens. Ces derniers étaient polis et honnêtes. Les peuples les appelaient "les kinserlicks".

 

Source : Extrait du livre de Henri Lepage et Ch. Charton de 1845